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Saules aveugles, femme endormie  de Haruki Murakami

A PARAITRE DEBUT SEPTEMBRE !!!!

Dans cet ouvrage, Haruki Murakami regroupe vingt-trois petits contes qui mêlent l'étrange, l'absurde, l'humour et le fantastique.

 

Japon, de nos jours. Par une douce journée de mai, un jeune homme accompagne à l'hôpital son cousin, pratiquement sourd de l'oreille droite. Il se souvient alors de la visite qu'il avait rendue, des années auparavant, à la fiancée d'un de ses amis. La jeune fille leur avait raconté l'histoire, plutôt triste, d'une femme endormie sous l'emprise de saules aveugles.

Un dimanche de juillet irréprochable, au bord d'un étang où flottent des canettes de coca telles les vestiges d'une cité antique engloutie, un auteur décide d'écrire une histoire sur les tantes pauvres, un sujet qui lui est totalement inconnu. Et qu'il ne tarde pas à avoir littéralement sur le dos, lorsqu'une tante pauvre se retrouve accrochée à lui, au grand dam de son entourage.

En 1979, un ami de Murakami, collectionneur de vieux disques de jazz et de femmes mariées, n'a cessé de vomir pendant quarante jours et quarante nuits, tout en étant assailli de coups de fil anonymes.

Attiré par les deux millions de yens à la clé, un jeune homme se présente à un concours de pâtisserie. Sans savoir que le jury est composé d'énormes corbeaux, prêts à s'entretuer en cas de désaccord.

Malgré l'avis de ses proches, une femme épouse un homme de glace, après s'être assurée qu'il ne risquait pas de fondre à la première dispute. Mais sa vie de couple ne tarde pas à prendre un tour inattendu.

Après avoir été souvent confronté à des coïncidences plus que bizarres, Murakami choisit de nous raconter les plus insignifiantes. Sachant que, le plus souvent, nous les laissons filer sans les voir, comme des feux d'artifice en plein jour.

Depuis quelque temps, Mizuki Ando oublie régulièrement son nom. Une défaillance souvent gênante, qui l'amène à consulter une psychiatre. Heureusement, cette crise a une cause bien réelle : un singe a volé le badge d'écolière portant son nom, qu'elle gardait précieusement chez elle. Mais le singe peut lui expliquer pourquoi.

À travers ces histoires qui font surgir l'étrange, l'humour et le fantastique à partir de situations contemporaines d'apparence anodines, Haruki Murakami nous démontre encore une fois son art magistral de transfigurer la banalité de nos existences.

 

  HARUKI  MURAKAMI

Fils d'un enseignant de collège de littérature japonaise, il opte pour les arts théâtraux et souhaite devenir scénariste de cinéma, sans avoir encore rien à raconter.

Après ses études universitaires, il est pendant huit ans responsable d'un bar de jazz à Tōkyō qui s'appelle Peter Cat. Haruki reste un passionné des chats, ses seuls véritables amis pendant une enfance solitaire, cette amitié explique la présence invariable de cet animal dans sa littérature.

Cette expérience le nourrit à son insu et lui permet d'écrire son premier roman Écoute le chant du vent, publié au Japon en 1979, pour lequel il reçoit le prix Gunzo.

Une fois sa renommée établie après plusieurs romans à succès, il part vivre à l'étranger : tout d'abord au sud de l'Europe (Italie et Grèce) puis aux États-Unis. Il enseigne la littérature japonaise à l'université de Princeton (patrie de Scott Fitzgerald).

Il revient vivre au Japon en 1995, marqué par le tremblement de terre de Kobe et l'attentat au gaz sarin de la secte Aum dans le métro de Tokyo. Ces tragédies inspirent le recueil de nouvelles Après le tremblement de terre.

Haruki Murakami est également traducteur en japonais de plusieurs écrivains anglo-saxons (parmi lesquels Scott Fitzgerald, John Irving ou encore Raymond Carver, dont il déclare, à sa mort survenue en 1987 : « Raymond Carver a été sans le moindre doute, le professeur le plus important de mon existence ainsi que mon plus grand ami en littérature »). Murakami est aussi un grand amateur de jazz auquel de nombreuses références sont faites dans ses romans.

Ses écrits (romans ou nouvelles) sont fréquemment fantastiques, ancrés dans une quotidienneté qui, subtilement, sort des rails de la normalité. Ayant vécu dans le sud de l'Europe (Grèce, Italie) puis aux États-Unis, l'influence occidentale est assez perceptible dans ses œuvres. Cela fait de lui un écrivain plus international que d'autres avec des références de la culture populaire mondiale tout en gardant un vécu japonais contemporain à ses personnages.

Il prétend que c'est en regardant un match de baseball (sport très populaire au Japon) qu'il a eu l'idée d'écrire son premier roman : Écoute la voix du vent, 1re partie de "La trilogie du rat".

Les ouvrages de Murakami révèlent une forme de surréalisme très rafraichissante qui, en se basant sur une mélancolique banalité quotidienne, arrivent à former des récits originaux. Il utilise cette idée du lien qui relie dans la pensée asiatique (bouddhisme, shintoïsme) tous les événements et les êtres. Une action provoque même de façon lointaine et indirecte une réaction dans l'instant, dans la réalité ou ailleurs, dans un autre monde que Murakami sait parfaitement rendre.

Au fil de ses romans, on retrouve des personnages étonnants tels que l'Homme Mouton ou le Colonel Sanders. L'âme humaine y est décortiquée, dans ses recoins parfois les plus intimes, de façon à ce que le lecteur soit emporté pour un voyage en lui même, mais dans un cadre parfois loufoque.

La mélancolie lancinante de Murakami et ses analyses sociales en demi teinte rappellent parfois un certain nombre de noms de la littérature nippone, tels que Sōseki. On y retrouve de longues pensées d'êtres tiraillés, à la recherche de leur identité et abordant l'existence avec parfois une certaine anxiété.

Haruki Murakami a reçu le titre de docteur honoris causa de l'Université de Liège le 18 septembre 2007, puis de l'Université de Princeton en 2008.


Bibliographie partielle


  La Course au mouton sauvage

 

 

A Tôkyô, un jeune cadre publicitaire mène une existence tranquille. Il est amoureux d'une jeune fille par fascination pour ses oreilles, est l'ami d'un correspondant qui refuse de lui donner son adresse pour de confuses raisons..., jusqu'au jour où cette routine confortable se brise. Pour avoir utilisé une photographie apparemment banale où figure un mouton, sa vie bascule. Menacé par une organisation d'extrême droite, il va se mettre en quête de cet animal particulier, censé conférer des pouvoirs supra-naturels...

L'écriture de Murakami, à mi-chemin entre réalisme et fantastique, par son inventivité et son humour, place ce roman dans un univers qui parait ne rien devoir aux classiques japonais. Son auteur est sans aucun doute l'un des représentants les plus originaux de la littérature nippone contemporaine.

 


Danse, danse, danse


Ce roman est la suite de La Course au mouton sauvage. Le narrateur retourne à Sapporo (Hokkaïdo), à l'Hôtel du Dauphin, à la recherche de Kiki, la call-girl de luxe aux merveilleuses oreilles dont il a entendu en rêve l'appel au secours. L'Hôtel du Dauphin est devenu un immense palace, financé par la spéculation immobiliaire et la corruption. L'un des leitmotive du roman est une scène d'un film de série B, « Amour sans espoir », dans lequel tourne l'un de ses anciens condisciples, Gotanda, avec l'énigmatique Kiki. Le narrateur, à Sapporo puis à Tôkyô, visionne ce navet de façon obsessionnelle, renoue avec Gotanda et découvre l'existence d'un réseau international de call-girls de luxe. A la fin du livre Gotanda avoue qu'il a tué Kiki, et met fin à ses jours. Entretemps le narrateur aura aimé May, collègue de Kiki, peu après retrouvée étranglée.

Dans une réalité parallèle, l'Hom

me mouton, déjà messager de l'autre-monde dans La Course au mouton sauvage, rencontré dans les ténèbres paranormales du 15e étage de l'Hôtel du Dauphin, lui aura délivré son injonction: «Danse, continue à danser», qui donne le titre du livre. C'est dans cet hôtel que le narrateur noue une idylle d'abord platonique avec Yumioshi, la jeune fille de la réception, avec laquelle il aura finalement une relation amoureuse, revenant en sa compagnie du monde des ténébres.

L'auteur a intercalé une histoire dans le roman: sa pérégrination avec une jeune fille de quinze ans, Yuki («neige») de Sapporo à Hawaï puis à nouveau à Tôkyô.

Le style d'Haruki Murakami reste d'une extrême simplicité, une limpidité en parfaite communion avec l'impression de transparence que dégage le roman. L'oeuvre de Murakami est absolument moderne, sans référence aucune aux classiques japonais. En enquêtant, en «dansant», le héros déchiffre les arcanes singulières de son accès au réel, sur fond d'esthétique du vide et de lucidité zen.

Le narrateur est celui de La Course au mouton sauvage, un publicitaire de trente-quatre ans, branché filles, bouffe et scotch, musique pop et vieilles bagnoles. Seul ou en compagnie de filles médiums, le narrateur traverse des états de réalité non ordinaire en certains lieux emblématiques.



La fin des temps

Le narrateur, un informaticien de très haut niveau, qui effectue des missions spéciales, apporte un jour sa collaboration à un vieux savant dont le laboratoire se situe dans les sous-sols obscurs d'un immeuble. Dès lors, il est entraîné dans une aventure terrifiante. Parallèlement à ce Hard-boiled wonderland, interviennent en alternance les chapitres de La Fin des temps : le narrateur se trouve prisonnier d'une ville onirique, peuplée de licornes au pelage doré. Les deux intrigues se rejoindront finalement. De même que son personnage flirte avec d'anodines jeunes filles, Haruki Murakami courtise ici le mythe - ce qui nous vaut une fable d'une prenante étrangeté.

Ce roman a obtenu au Japon le prix Tanizaki.


  Au  sud de la frontière, à l'ouest du soleil

Célébré dès les années quatre-vingt comme une pop star littéraire au Japon, considéré comme l'un des plus grands noms de la littérature japonaise contemporaine, Haruki Murakami est devenu un auteur culte dans le monde entier. En tissant le destin d'un homme désenchanté pris dans les rets d'une étrange passion, il signe un roman plus intimiste, une oeuvre de maturité.

A douze ans, Hajime rencontre Shimamoto-san, sa petite voisine. Avec elle, il découvre la musique, les sourires complices, les premiers frissons sensuels... Et puis celle-ci déménage, laissant à son ami le goût amer de l'abandon. Lorsque, trente ans plus tard, elle réapparaît, Hajime, rongé par le désir et la nostalgie, est envoûté par cette femme énigmatique, reflet de ses rêves perdus. Mais sous les traits délicats du visage de Shimamoto-san se cachent la souffrance, la folie et la destruction.

Conte moderne dont émane un érotisme discret mais obsédant, ce roman, servi par une écriture d'une formidable densité, entraîne le lecteur au coeur des contradictions de héros en quête d'un inaccessible absolu.

 

 L'éléphant s'évapore


Un recueil de dix-sept nouvelles qui donnent accès aux différents registres de l'imaginaire de Murakami. La tendresse de l'écoute bouleverse l'anonymat de relations urbaines, l'étrangeté de l'expérience subvertit la banalité du réel. L'auteur nous livre subrepticement les clefs de son prodigieux appétit de fiction. Les kangourous du zoo ou l'éléphant qui s'évapore sont autant de métaphores du semblable ou du double hypothétique du narrateur.

Farouchement zen et cruellement fantastique, Murakami entraîne son lecteur, en virtuose, dans une danse d'amour et de mort; comme «une rencontre avec la fille cent pour cent parfaite par un beau matin d'avril».

 


Chroniques de l'oiseau à ressort

Un chat égaré, une inconnue jouant de ses charmes au téléphone, ces événements anodins suffisent à faire basculer la vie d'un jeune chômeur dans un tourbillon d'aventures surprenantes. L'espace étroit de son quotidien devient le théâtre d'une quête métaphysique sans cesse renouvelée où rêves, réminiscences et réalités se confondent. L'écriture de Murakami dessine une nouvelle fois un parcours initiatique, localement restreint, mais chargé de rencontres mystérieuses et déroutantes. Replaçant la méditation bouddhique dans la violence contemporaine du Japon ou d'ailleurs, il emmène le lecteur dans un monde fantastique pour mieux figurer l'envol des sens, du sens.

 

 

La Ballade de l'impossible 

 

Oeuvre d'une ampleur exceptionnelle, placée sous le parrainage de Salinger et Fitzgerald, La Ballade de l'impossible est le livre qui a révélé Haruki Murakami. Un superbe roman d'apprentissage aux résonances autobiographiques, dans lequel l'auteur fait preuve d'une tendresse, d'un charme poétique et d'une intensité érotique saisissants.

Au cours d'un voyage en avion, le narrateur entend une chanson des Beatles : «Norwegian Wood». Instantanément, il replonge dans le souvenir d'un amour vieux de dix-huit ans.

Quand il était lycéen, son meilleur ami, Kizuki, s'est suicidé. Kizuki avait une amie, Naoko. Ils étaient amoureux.
Un an après ce suicide, le narrateur retrouve Naoko. Elle est incertaine et angoissée, il l'aime ainsi. Une nuit, elle lui livre son secret, puis disparaît...

 

Les Amants du Spoutnik

K. est amoureux de Sumire, mais celle-ci n'a que deux passions : la littérature et Miu, une mystérieuse femme mariée. Au sein de ce triangle amoureux, chaque amant est un satellite autonome et triste, et gravite sur l'orbite de la solitude. Jusqu'au jour où Sumire disparaît... Les Amants du Spoutnik bascule alors dans une atmosphère proprement fantastique où l'extrême concision de Murakami cisèle, de façon toujours plus profonde, le mystère insondable de l'amour.



Après le tremblement de terre


Un recueil à la construction originale, puisque chacune des nouvelles saisit un moment de bascule dans les vies qu'elles traversent. Elles sont aussi liées par une unité de temps - " L'Après... " - à la manière dont Jim Jarmusch a composé plusieurs de ses films.

Murakami est un observateur attentif des chaos intimes de ses personnages, avec un sens de l'humour et une tendresse jamais en défaut.

Sa description nuancée du mal de vivre de l'époque, son style dépouillé, l'universalité de ses propos et de ses personnages le rendent plus proche que jamais de l'auteur américain qu'il considère comme son maître, Raymond Carver.


Kafka sur le rivage

 

Kafka Tamura, quinze ans, s'enfuit de sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. De l'autre côté de l'archipel, Nakata, un vieil homme amnésique décide lui aussi de prendre la route. Leurs deux destinées s'entremêlent pour devenir le miroir l'une de l'autre tandis que, sur leur chemin, la réalité bruisse d'un murmure enchanteur. Les forêts se peuplent de soldats échappés de la dernière guerre, les poissons tombent du ciel et les prostituées se mettent à lire Hegel. Conte initiatique du XXIe siècle, Kafka sur le rivage nous plonge dans une odyssée moderne et onirique au coeur du Japon contemporain.

«C'est cruel, beau, cru. Haruki Murakami nous entraîne dans des contrées sauvages jamais fouillées par âme humaine et fait appel à notre souplesse et à notre ouverture. Venez voir ailleurs et autrement !»

 


Le passage de la nuit


Pour une nuit, Haruki Murakami nous entraîne dans un Tôkyô sombre, onirique, hypnotique. Un éblouissant roman d'atmosphère à la poésie singulière, aux frontières de la réalité et du fantasme, où chaque détail, rétrospectivement, fait sens.

Dans un bar, Mari est plongée dans un livre. Elle boit du thé, fume cigarette sur cigarette. Un musicien surgit, qui la reconnaît. Au même moment, dans une chambre, Eri, la soeur de Mari, dort à poings fermés. Elle ne sait pas que quelqu'un l'observe.

Autour des deux soeurs vont défiler des personnages insolites : une prostituée blessée, une gérante d'hôtel vengeresse, un informaticien désabusé, une femme de chambre en fuite. Des événements bizarres vont survenir : une télévision qui se met brusquement en marche, un miroir qui garde les reflets.

A Tôkyô, le temps d'une nuit, va se nouer un drame étrange...


TONY TAKITANI


« Tony Takitani resta longtemps à contempler d'un oeil vague les vêtements de sa femme. Pour lui, c'était comme une ombre qu'elle avait laissée derrière elle. Des ombres de taille 36, superposées sur plusieurs rangées, pendant sur les cintres. On aurait dit un échantillon des possibilités infinies que recelait l'existence humaine, rassemblées et suspendues là. »

Une fable urbaine, empreinte de grâce et de mélancolie, sur l'art, l'amour et la profondeur de la solitude.

 

 

Murakami voyageur solitaire
interviewé par Philippe Coste

Le nouveau maître des lettres nipponnes nous livre son dernier roman, Kafka sur le rivage, une fable initiatique envoûtante. Rencontre avec un éternel exilé en quête de liberté

«Il faut être en forme pour vivre une existence malsaine», confie Haruki Murakami, athlète de 56 ans et idole mondiale de la littérature japonaise, déçu de n'avoir pu, à cause d'une tempête de neige, courir ses 10 kilomètres quotidiens autour du campus de l'université Harvard, qui l'accueille en tant qu' «écrivain à demeure». Levé chaque matin à 4 heures, 365 jours par an, le nobélisable insolite, lauréat en 1979, dès son premier roman, du prestigieux prix Gunzo, trouve dans ce régime monacal «une concentration intense, presque une transe», clef de ses poétiques mondes parallèles. Après Chroniques de l'oiseau à ressort et Les Amants du Spoutnik, l'éternel exilé, véritable rock star des jeunes rebelles nippons, offre avec Kafka sur le rivage une nouvelle «fable» initiatique et universelle sur la quête d'identité. Pour L'Express, Murakami, timide et attentionné, a surmonté sa phobie des interviews.

Kafka Tamura, votre jeune héros, vous ressemble-t-il?
J'étais enfant unique et je m'étais créé un monde à part, plein de livres, de musique et de conversations avec mes chats. Mes livres préférés étaient toujours les plus gros, écrits par des géants comme Dostoïevski, Tolstoï, Dickens ou Balzac, car leur épaisseur était la promesse d'un long voyage.

A Kobe, votre père enseignait la littérature japonaise, pourtant.
J'étais principalement attiré par l'ailleurs et par les écrivains étrangers. Si je n'avais commencé à apprendre l'anglais à l'école - un hasard qui m'a conduit à découvrir et aimer Chandler, Vonnegut ou Capote - j'aurais sûrement montré la même passion pour la littérature et la culture françaises. Après tout, le premier roman que j'ai lu de ma vie, à 12 ou 13 ans, était Le Rouge et le noir, de Stendhal, et Truffaut m'a profondément marqué.

Truffaut?
Dans le jeune Kafka Tamura se niche le petit Antoine Doinel des Quatre Cents Coups. Leurs âges, leurs fugues, leurs peurs, leurs quêtes sont comparables. J'ai ressenti sa solitude lorsque, sortant de l'université, j'ai refusé de suivre la voie obligatoire, d'entrer dans une grande entreprise ou dans la fonction publique. Il y a trente ans, la société japonaise était bien plus stricte qu'aujourd'hui. Quand on choisissait d'être un outsider, il n'y avait pas de retour possible. Comme pour Doinel...

Vos études aussi étaient atypiques. La dramaturgie grecque...
Au départ, je faisais des études de cinéma, pour devenir scénariste, mais j'ai vite découvert que... je n'avais rien à écrire. Rien. J'étais un gamin sans histoire issu de la tranquille classe moyenne japonaise. Certes, en 1968, comme ailleurs dans le monde, nous avons, par idéalisme, occupé l'université et combattu la police; mais la société était trop forte et tout est vite rentré dans l'ordre. Alors j'ai tout lâché. Après la fac, j'ai tenu pendant près de huit ans un café boîte de jazz en me gardant d'écrire autre chose que des menus. Je pensais n'avoir aucun talent d'écrivain; toutefois, le défilé des clients, ces centaines de rencontres me nourrissaient à mon insu d'une expérience humaine. Et un beau jour, à 29 ans, j'ai eu la révélation, pendant un match de base-ball.

Pourquoi là?
Un après-midi de printemps, sur les gradins, une bière à la main. Un moment de bonheur, de plénitude. Si j'avais à choisir un jour dans ma vie, je choisirais celui- là. J'ai pris la plume ce jour-là, et je suis devenu un écrivain «naturel».

Un écrivain naturel?
Un conteur d'histoires. On lit mes livres en Chine, en Corée ou en France: une bonne histoire est une lingua franca qui dépasse les cultures, qui ouvre un passage en vous-même, quitte à vous mener dans des lieux obscurs et douloureux. J'aime donner au lecteur à tout moment les clefs de mes sentiments; ce n'est pas par snobisme que je leur parle d'une sonate de Schubert, mais parce qu'elle me procure une émotion profonde.

Vous ne reculez pas non plus devant les sujets dérangeants...
La violence et le sexe, que je n'ai vraiment su exprimer par l'écriture qu'après l'âge de 40 ans, m'infligent un traitement de choc, qui ouvre d'autres trappes dans mon esprit et, je l'espère, dans celui du lecteur. Moi qui n'ai jamais subi la moindre brutalité, et qui adore les chats, je suis capable d'imaginer un affreux massacre de ces petits compagnons de mon enfance, dans le seul dessein de voir ce que je vais ressentir. Je ne connais de la guerre que ce que mon père, qui était soldat pendant l'occupation de la Chine par le Japon, a pu parfois confier, mais j'en parle, parce qu'elle réveille notre conscience collective. Dans Kafka, j'évoque brièvement Eichmann et le génocide pour vivre la terreur que m'inspirent ces atrocités, et rappeler au passage que n'importe qui peut devenir un bourreau, répandre du gaz sarin dans le métro de Tokyo, comme en 1995.

Vous avez quitté le Japon, pour y revenir pendant quelques années après le terrible tremblement de terre de Kobe et l'attentat de Tokyo.
Le Japon des années 1980 était devenu trop riche, trop puissant et arrogant. La crise économique et ces événements l'ont plongé dans un désarroi qui m'a touché. J'ai pensé que j'avais à nouveau un rôle à jouer dans mon pays, en tant qu'auteur, en traitant de ces drames dans deux livres et en partageant mon émotion avec mes compatriotes.

Quel rapport entretenez-vous avec les autres écrivains japonais?
Aucun. Je suis même la brebis galeuse du monde littéraire nippon. Ils me reprochent mon style, trop différent des canons classiques. J'ai quitté le Japon en partie à cause de cela, pour être moi-même. Je suis japonais, j'écris dans cette langue et mes romans se déroulent le plus souvent dans ce pays. Mais je reste un individu. Je ne suis ni occidentalisé ni traditionaliste; juste un homme libre.

 

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